Edito - La musique des anges
Lettre ouverte au Père Noël ...
C'est un moment métissé d'enfance la période de Noël pour moi. A la fois magique, et dans laquelle s'invite aussi insidieusement une pointe de mélancolie du temps qui passe et qui s'égrenne, du bilan de fin d'année. C'est toujours le même rituel, le sapin, les décorations, la crèche, ce petit côté désuet, tellement rassurant. Et pourtant rien n'est comme avant. Avant quoi d'ailleurs ? Avant que mon fils arrête de croire au Père Noël ? Avant mon divorce, et les "vrais" Noël en famille ? Avant que je m'envole du cocon familial ? Avant ...
Alors j'y tiens à "ma" crèche et à mes santons de Provence, peints à la main selon la tradition, qui égrennent immuablement mes Noël depuis toujours. On en achetait un nouveau chaque année, choix qui nourissait pendant toute une année mes hésitations et mes rêves. Le meunier et son âne, ou les brodeuses ? Marie, Joseph, le petit Jésus, bien sûr, les rois mages et leurs robes pourpres d'apparat, le berger et son troupeau, l'incontournable église provencale, perchée sur la colline et balayée par le mistral glacé de décembre ? A chaque fois que je rouvre le carton, ce sont les mélodies à l'accent chantant et claironnant de Frédéric Mistral et des contes de Noël en Provence d'Alphonse Daudet qui ressurgissent... Ceux que j'écoutais sur mon mange-disque. "Le petit sapin détestait être petit. Il rêvait d'être grand et de regarder le monde de haut. Il voulait aussi être décoré de mille feux car les moineaux lui avaient raconté que ça arrivait parfois aux arbres que l'on venait couper dans la forêt." Les trois messes basses d'Alphonse Daudet.
Il est des lumières que l'on aimerait bien voir nous illuminer pour toujours, et les guirlandes lumineuses, même clignotantes et même avec des Pères Noël factices en traîneau, grimpant à la cheminée ou montant sur les façades des maisons n'y peuvent rien... Elles sonnent faux.
Pourquoi ? Aurais- je, au fil du temps, cessé de rêver ? Non. En me creusant la tête, j'en rescense encore mille et un, pourtant. Des plus égo machin et mégalo truc qui soient! Visiter le pôle nord en traîneau. Construire ma cabane dans les arbres, si possible au bord d'un lac au canada avec un hydravion jaune. Avoir mon étoile dans le ciel. Rencontrer le Petit Prince. Jouer à la Belle au Bois Dormant. Etre princesse dans un palais oriental (c'est la variante exotique ce Cendrillon, j'ai toujours eu un faible pour les étranges étrangers!!). Remonter le fleuve Sénégal en pirogue. Piloter un avion, un bateau, une moto, ...
Encore plus impropable, n'avoir jamais mal, n'avoir jamais peur, n'avoir jamais peur ... du vide, ne plus jamais manquer de confiance en moi, en les autres, en la vie qui me coupent les ailes ...
Rien pour autant à mettre sur ma liste des résonnances 2008 au Père Noël.
Puis j'ai ouvert, aimantée par le titre,"La musique des anges", et la merveilleuse photo de "L'ange musicien" de Melozzo da Forli en couverture, le dernier livre de Catherine Bensaid. Et j'ai (enfin?) trouvé Mon cadeau de Noël : " N'attendons pas qu'un autre nous invite à vivre, ni d'être aimé pour aimer, aimons. La part de nous qui nous veut du bien peut nous délivrer de celle qui nous fait du mal, faisons- lui confiance."
Qu'en dit Petit Robert sur le sujet de l'Ange ? Nom masculin du latin angelus, du grec aggelos (messager, trad. hébreu). Dans la religion chrétienne, être spirituel, intermédiaire entre Dieu et l'homme, messager des volontés divines. Archange, ange de l'Annonciation. L'Ange et la bête, en l'homme. ''Le malheur veut que qui veut faire l'ange, fait la bête''. Ange déchu, démon. Ange gardien, appelé à protéger chacun des humains ; fig. personne qui veille sur quelqu'un, le guide et le protège. Le bon, le mauvais ange de quelqu'un, la personne qui exerce une bonne, une mauvaise influence sur quelqu'un. Une patience d'ange, exemplaire, infinie. Être aux anges, dans le ravissement. Un ange passe, un silence gêné et prolongé se produit. Personne parfaite, sa femme est un ange. Mon ange, terme d'affection.
Oui, Père Noël, s'il vous plaît, je voeux un cortège quotidien d'Anges Gardiens à qui parler cette année. Pour moi et pour toutes celles et ceux qui sont des chercheurs infatiguables, artisans de lumière. Apprenez moi encore et encore à donner la meilleure part de moi- même, à écouter la musique des anges et à entendre la bonté , l'amour et la joie qui existe dans nos choeurs. A ressortir tout ce que j'ai trop souvent oublié dans le carton de mes santons de Noël...